L'Alsace a une longue histoire de coopération avec le Cameroun. L'ouvrage revient sur cette coopération missionnaire à partir du site d'Akono.
Coopération missionnaire. L’Allemagne ayant été défaite à la Première Guerre mondiale (1914-1918), la mission du Cameroun fut confiée aux Spiritains français. Parmi ces Spiritains venus remplacés les pallotins allemands, la majorité venait de l’Alsace et avait été choisi à cause de leur bonne maîtrise de la langue allemande parlée par les autochtones. Le 3 mai 1922, la nomination de Mgr François-Xavier Vogt (1870-1943) comme vicaire apostolique accroit l’intérêt des spiritains alsaciens pour les missions du Cameroun. Ils arrivent donc par vague successive de 1916 à 1943, date du décès de Mgr Vogt.
Conflits et influences. Cette présence massive des Alsaciens suscite l’inquiétude des autorités coloniales engagées dès 1917 dans un processus de dégermanisation. La lutte d’influence rebondit dans les milieux ecclésiastiques. Dès 1930, les mesures de restriction des cultes catholiques accroissent les tensions. La nomination de Mgr René Graffin (1899-1967) antiallemand de conviction les prolonge jusqu’à l’indépendance du pays (1960). Les œuvres et les réalisations importantes pâtiront de cette lutte d’influence. La paroisse d’Akono est un chef-d’œuvre architectural dont l’histoire révèle les péripéties de ces luttes d’influence. Mgr Vogt rêvait-il d’en faire le siège de son vicariat ? Elle reflète la bonne entente entre deux communautés (Alsace et Bëti) dont les relations ont été fécondes.
Abondante œuvre missionnaire. En dehors de la paroisse d’Akono, les Alsaciens ont laissé au Cameroun un héritage important. De 1916 à 1960, près de 114 missionnaires d’origine alsacienne (Bas-Rhin et Haut-Rhin) ont été présents au Cameroun. Cet ouvrage permet de rappeler à la conscience collective la contribution de l’Alsace dans l’évangélisation des terres africaines. Il revisite le travail missionnaire aux prises avec des défis conjoncturels, et trace les voies d’une revalorisation de ce riche potentiel dont la présence en Alsace des prêtres issus de ces anciennes missions est déjà en lui-même un écho non négligeable du devoir de mémoire.
Note de l’auteur
ZAMBO ONANA François