Le Centre culturel canadien présente la première exposition monographique consacrée à Shannon Bool en France.
Shannon Bool, Oued Ouchaia, 2018 - Vue d'exposition de Shannon Bool, La forme d'Obus / The Shape of Obus, été 2018, Musée d'art de Joliette, photo Paul Litherland.
Promiscuités révèle en quelque sorte la trame fantasmatique de l’architecture moderniste. Elle montre également l’actualité de cet enjeu dans un monde où l’image du corps féminin « exotique » exerce toujours son pouvoir d’attraction mais à travers d’autres ambiguïtés.
Le travail de Shannon Bool adopte de multiples formes, entre autres la tapisserie, la peinture sur soie, le collage, la sculpture et le photogramme.
Promiscuités met de l’avant la recherche actuelle de l’artiste qui s’est intéressée aux dessins érotiques réalisés par Le Corbusier en Algérie à partir des années 1930. Ces dessins coïncident avec le moment où l’architecte entreprend la conception d’une série de plans d’urbanisme visant à transformer Alger en une capitale impériale moderne, affirmant la présence française en Afrique du Nord. Avec la série Bombshells (Beautés canon), Shannon Bool montre que l’aménagement urbain tout en courbes imaginé par l’architecte découle de ses séances de voyeurisme, la sensualité des corps mauresques donnant forme par associations et projections aux idées proposées pour rénover la ville.
Dans une perspective postcoloniale et féministe, l’artiste rend visible la violence liée à l’idée de progrès sous-tendant les propositions de modernisation de la ville conçues par Le Corbusier en surimposant littéralement sur les corps des femmes colonisées et mises en scène dans des décors orientalistes les mégastructures du Plan Obus pensé par l’architecte.