Rencontre avec Bintou Dembélé, chorégraphe des Indes galantes à l'Opéra de Paris
Clement Cogitore
Projection du film Les Indes galantes de Clément Cogitore et de séquences de making of des Indes Galantes à l’Opéra de Paris, suivie d'une conversation avec Bintou Dembélé, Nora Philippe et Maboula Soumahoro.
La série : « Voix atlantiques »
Cette série de projections et de rencontres donne la voix à des artistes et des auteurs travaillant à une réappropriation des représentations et des narrations depuis l’expérience minoritaire et notamment depuis l’appartenance, ou la mémoire, atlantiques. Si le geste de décolonisation des imaginaires constitue la toile de fond de ces films et ouvrages récents, ceux-ci se déclinent dans des formes plurielles, de l’opéra-ballet dérouté par les danses urbaines et contestataires, à la réécriture fictionnelle par des enfants d’une histoire coloniale jamais ou difficilement transmise. Le cycle laissera pleine place à l'invention littéraire, cinématographique ou chorégraphique, mais frayera également un chemin autour des questions sociales et politiques de transmission, d’accès à l’expression artistique en milieu scolaire ou en dehors, et d’institutionnalisation.
Bintou Dembélé est l’une des artistes majeures issues du mouvement Hip-Hop en France. Elle commence sa carrière en intégrant des groupes tels qu’Aktuel Force, Ykanji - dont elle est cofondatrice - le collectif Mouv’ du Théâtre Contemporain de la Danse à Paris ou encore la compagnie Käfig.En tant que danseuse et chorégraphe, elle collabore avec des artistes comme MC Solaar (Paradisiaque), Grand Corps Malade (Roméo kiffe Juliette), Sophiatou Kossoko (Nuit des Musées), Stéphane Schoukroun (Construire), le photographe Denis Darzacq (La Chute) ou encore la réalisatrice Anne Cissé (BUCK).À partir de 2002, elle affirme sa démarche de chorégraphe en créant la compagnie Rualité. Revisitant la Street Dance au prisme de la musique répétitive et des polyphonies rythmiques, ses chorégraphies explorent les mémoires rituelle et corporelle, les cultures de la marge, les zones d’ombres de l’Histoire coloniale et postcoloniale, les stratégies de réappropriation et de marronnage. Elle crée au sein de cette compagnie six spectacles – L’Assise, LOL, Mon appart’ en dit long, Z.H (Zoos Humains) - objet d’un film documentaire coréalisé avec le photographe Enrico Bartolucci - S/T/R/A/T/E/S-Quartet ainsi que Le Syndrome de l’initié – qui sont représentés en France, en Belgique, en Birmanie, au Chili, en Guyane, en Italie, en Macédoine, au Mali, au Sénégal, en Suède, en Suisse…Ses créations, qui convoquent des esthétiques variées - de la danse à la musique en passant par les arts visuels - construisent souvent des ponts entre des domaines artistiques habituellement séparés.En 2017 Clément Cogitore fait appel à elle pour chorégraphier son film Les Indes galantes pour la 3e Scène de l’Opéra national de Paris.Elle développe de nombreuses collaborations avec le monde de la recherche, notamment avec Sylvie Chalaye (anthropologue des représentations coloniales et historienne des arts du spectacle) et le laboratoire SeFea (Scènes Francophones et Écritures de l’Altérité), ainsi qu’avec Isabelle Launay, professeure au Département Danse de l’Université Paris 8 Saint-Denis.À partir de 2020, elle sera artiste associée aux Ateliers Médicis (Clichy-sous-bois / Montfermeil), à la Carnegie-Mellon University (Pittsburgh), au Columbia Global Centers l Paris.