Si un arbre tombe dans une forêt lointaine, sans personne alentours, produit-il un son?
© Biodiversity Heritage Library
Selon les mesures effectuées par la plateforme Global Forest Watch (GFW) depuis 2001, 20 millions d’hectares de forêt disparaissent en moyenne chaque année de la surface de la planète.
Cette cadence vertigineuse dépasse notre entendement et échappent à nos sens. Que ressentirions-nous si nous pouvions entendre chaque arbre qui tombe à travers le monde ? C’est ce que propose d’explorer Antoine Bertin à travers l'installation intitulée 333Hz.
Le beat per minute (BPM) est l’unité utilisée en musique pour mesurer le tempo. En ramenant la déforestation à une échelle musicale, celle du battement par minute, l’artiste nous invite à écouter le rythme de la déforestation. Une série de métronomes est installée sur une pile d’arbres rappelant la manière dont ceux-ci sont entreposés en bordure des chemins une fois coupés. Chacune des baguettes de ces métronomes bat contre un arbre de la pile à la cadence de la déforestation d’une forêt primordiale. Chaque pulsation dont le visiteur fait l’expérience correspond à un arbre disparu.
L’artiste nous propose ainsi une “sonification” de la déforestation à l’œuvre dans une sélection de forêts : une traduction en son des données récoltées au moyen d'imagerie satellite par GFW. Pour cette première itération de l’œuvre au Centre Wallonie Bruxelles, la composition sonore se concentre sur la disparition des forêts anciennes européennes.
La cadence moyenne de la disparition des forêts à l’échelle globale (20Mha/année) traduite en unité de tempo est égale à 20 000 BPM. Un tempo trop rapide pour que chaque arbre abattu puisse être distingué par l’oreille humaine. Si tous les arbres qui tombent à travers le monde pouvaient être entendus, ils produiraient donc un son : une fréquence de 333Hz.
Cette fréquence ne cesse aujourd’hui d’augmenter.
PRODUCTION
Œuvre commissionnée par Le Centre Wallonie-Bruxelles I Paris
Réalisation : Antoine Bertin et Studio Sound Anything
Consultation d'expert : Cécile Leuba Greenpeace France
Données : Global Forest Watch