Présentation des ouvrages, suivie d'un débat sur l'actualité des textes aujourd'hui.
Présentation modérée par Ilona Ponavičová (Inalco), Sylvie Archaimbault et Catherine Depretto, Tomáš Kubíček (sous réserve) et John Pier
André Mazon, Roman Jakobson : La Langue russe, la guerre et la révolution
édité par Sylvie Archaimbault et Catherine Depretto, Paris, Eur’ORBEM Editions (EOE), 2017.
&
Jan Mukařovský. Écrits 1928-1946
John Pier, Laurent Vallance, Petr A. Bílek, Tomáš Kubíček (dir.), Editions des Archives contemporaines (EAC), 2018.
En présence de Xavier Galmiche (directeur de publications des EOE), Stéphanie Cirac (éditrice des EOE), Jean Boutan (traducteur de Mukařovský), Laurent Vaillance (traducteur de Mukařovský).
sous la direction de Sylvie Archaimbault et Catherine Depretto
André Mazon (1881-1967), éminent slaviste, spécialiste du russe mais aussi d’autres langues slaves, se trouve durant la Grande Guerre affecté à la mission française en Russie. Arrêté par les bolcheviks an août 1918, il passe plusieurs mois dans les prisons, avant de rentrer en France en 1919. Ce séjour lui permet d’observer de près la façon dont la nouvelle réalité révolutionnaire œuvre dans la langue russe à travers des argots, des abréviations, des emprunts.
En 1920, il publie le Lexique de la guerre et de la révolution en Russie (1914-1918), où l’on trouve une réflexion pionnière sur les articulations entre les faits sociaux et politiques d’une part, les faits linguistiques, de l’autre. Cette étude connaît un retentissement certain dans le milieu des linguistes : parmi les quatre recensions identifiées à ce jour, celle de Roman Jakobson est sans conteste la plus complète. Écrite en tchèque, sous le titre L’influence de la révolution sur la langue russe, elle constitue une étude propre du chercheur, prenant appui sur la publication de Mazon. Nous la proposons ici dans une traduction inédite de Stéphanie Cirac. Ces deux textes, qui reflètent les approches linguistiques parfois divergentes de savants appartenant à deux générations différentes, n’ont rien perdu de leur actualité. Ils constituent, grâce aux introductions de Catherine Depretto et de Sylvie Archaimbault, une lecture passionnante, non seulement pour les spécialistes du domaine mais pour tous ceux qui s’intéressent aux espaces centre-européen et russe, voire, plus largement, à l’histoire politique et culturelle du XXe siècle. En effet, on comprend à partir de leur dialogue comment la violence de la guerre se diffuse à travers le langage pour revivre dans les différentes phases de la révolution et au-delà.
John Pier, Laurent Vallance, Petr A. Bilek, Tomas Kubiček (dir.)
La principale raison de la méconnaissance du Cercle linguistique de Prague (CLP), en France et ailleurs, réside bien évidemment dans le manque de traductions. L’ambition du présent ouvrage, en rassemblant quelques-uns des écrits de Jan Mukarovský (1891-1975), chef de file du CLP, est justement de combler cette lacune. La lecture des écrits de Mukarovský nous rappelle que le structuralisme de l’École de Prague n’est ni le prolongement du formalisme russe ni un simple prédécesseur du mouvement structuraliste des années 1960-1970, mais qu’il est au cœur d’un changement paradigmatique qui s’étend au-delà de telle discipline ou telle manifestation locales. Dans un sens le plus large, il inaugure une conception dynamique et dialectique de la structure qui met en cause la nature des relations statiques entre les parties et le tout. Cet ouvrage a été rendu possible grâce au concours de: Centre de recherche sur les arts et le langage (CRAL) (CNRS/EHESS – UMR 8566); Sorbonne Université, Faculté des lettres, EUR’ORBEM Cultures et sociétés d’Europe orientale, balkanique et médiane (UMR 8224); Univerzita Karlova (Université Charles), Prague Research Grant Progress Q2: Literature and Performativity; Moravská Zemská Knihovna (Bibliothèque nationale Morave), Brno; Ministerstvo Kultury České Republiky (ministère de la Culture de la République tchèque). Ouvrage disponible en accès ouvert. John Pier, Laurent Vallance, Petr A. Bílek et Tomáš Kubíček (dirs.) Ouvrage traduit du tchèque par Jean Boutan, Xavier Galmiche, Kristýna Matysová et Laurent Vallance